Joël William Guibert - Images urbaines : le récit photographique de Pierre Bourdieu en Algérie

Jeune normalien formé à la philosophie, Pierre Bourdieu découvre l’Algérie en 1955 pour y effectuer son service militaire. Cette migration forcée est un déracinement qu’il va mettre à profit pour analyser la société algérienne, depuis longtemps colonisée et désormais en guerre. Nommé Assistant à l’Université d’Alger, il devient observateur des réalités sociales et des clivages interculturels qu’il va enregistrer grâce à une intense activité photographique. Les clichés, pris entre 1958 et 1961, environ 2000 selon les dires de l’intéressé dont 150 feront l’objet d’une exposition posthume, en 2003, à l’Institut du monde arabe, montrent les transformations brutales voire violentes qui affectent l’habitat, le travail, les relations hommes/femmes, l’économie, la vie urbaine. Les photographies de Bourdieu illustrent les débats théoriques et empiriques entre tradition et modernité, civilisation et barbarie, réalité et imaginaire, structures sociales et structures mentales. Cette communication porte sur les multiples fonctions des photographies prises dans ce contexte social, politique, idéologique et culturel: sur le statut du photographe ; sur la conversion du philosophe aux sciences de la société. Grâce à quelques illustrations issues du corpus photographique publié, Joël William Guibert montre en quoi l’expérience algérienne de Pierre Bourdieu constitue non seulement un révélateur "d’une réalité écrasante" mais aussi une expérience fondamentale pour les recherches sur la société, d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs.

Présentation de l'intervenant

Joël William Guibert est maître de conférences HC HDR à l’UFR de Sociologie e l’Université de Nantes. Il a été  Directeur du Département Carrières Sociales, Rennes 1 (1989-1993) et Directeur du Département  de Sociologie, Nantes (avec Christophe Lamoureux, 1999-2001).

Présentation du colloque "Mythologies urbaines et migrations"

La ville génère un ensemble de mythes artistiques et littéraires issus de son histoire et de son quotidien, de légendes et de récits oraux mêlant réalité et fiction. Création propre à l’homme, la ville se présente comme une construction réelle et imaginaire, à travers laquelle une communauté recherche sa cohésion et ses possibilités créatrices (correspondances, récits de vie, poésie, théâtre, cinéma…). Organisé par le Centre de Recherche sur les Identités Nationales et l’Interculturalité (CRINI), le colloque sur "Mythologies urbaines et migrations" s’inscrit dans le cadre d’une réflexion sur les migrations portant à la fois sur l’interculturalité - en s’attachant  à la rencontre et à la reconnaissance de cultures plurielles-, et sur la transculturalité - en privilégiant l’échange et la création entre ces cultures-, dans une dynamique créatrice cherchant à dépasser les barrières culturelles, tout en questionnant l’histoire des représentations urbaines.

Ce colloque s'inscrit dans la continuité de journées d’étude préparatoires dans le cadre des partenariats locaux et internationaux du CRINI :

• Journée d'Etude "La Ville : pouvoirs, marges, exils"
• Journée d'Etude "Entre histoire et littérature, migrations et mythes urbains" à l'Université de Puebla, Mexique
• Séminaire "Les Villes littéraires : Alberto Ruy Sánchez et Mogador, l’inaccessible"